 Comme l'accord final ! Parce qu'une croisière en Méditerranée Centrale ne se conçoit pas sans une halte à Gênes ; qui plus est une croisière MSC. Depuis l'Antiquité, la ville possède un rayonnement mondial pour le commerce maritime. Son aménagement en témoigne lui-même : Gènes s'établit autour d'un golfe du même nom, entièrement occupé par le port de commerce. Dès la révolution industrielle ce dernier s'étendra au-delà du golfe : il court désormais sur un rivage d'une vingtaine de kilomètres. Nous accostons à la gare maritime historique, à deux pas du centre-ville : un monument massif, flamboyant, mêlant Art-Déco et art moderne. Elle est comparable à celles de Cherbourg ou Naples, construites à la même époque. Ces lieux de transits internationaux sont les ancêtres de nos aéroports et ont rapidement montré un enjeu politique : celui d'impressionner le visiteur de passage. Tout comme dans les gares et les aéroports, nombreux passagers des paquebots de ligne ont parfois une correspondance ; dans le cas contraire, une escale longue permet d'aller prendre l'air à quai voire de faire un tour en ville. Ainsi les grands ports voient-ils passer des millions de voyageurs, beaucoup d'entre eux n'ayant jamais prévu de mettre un pied ici. L'enjeu est alors double pour le lieu visité : d'une part impressionner le voyageur de passage, d'autre part montrer à celui qui émigre la puissance du pays qu'il s'apprête à quitter.
Passagers en transit, nous n'utilisons qu'une infime partie de l'infrastructure. À peine débarqués, nous lions connaissance avec notre guide qui nous fera découvrir le centre de Gênes. Ce matin, nous partons pour un tour tel que j'aurais personnellement en faire plus : un tour in situ. Nous partons à pied de la gare maritime, pour une promenade à pied autour du port où nous faisons escale ; visitons le périmètre du navire avant de pousser à plusieurs dizaines de kilomètres. En réalité, la ville de Gênes a bâti toute sa fortune sur le commerce maritime. Rappelons que le transport maritime demeure le plus important dans le monde aujourd'hui : en particulier pour les économies d'échelle qu'il offre (ramené au nombre de conteneurs, un navire demeurera toujours plusieurs centaines de fois moins cher - et moins polluant - qu'un train ou qu'un camion). Le transport maritime est l'instrument principal du commerce international et s'est de fait développé avec lui : Gênes elle-même constitue une comme place-forte financière et commerciale. Son centre-ville se partage entre riches hôtels particuliers et anciennes bourses du commerce. L'armateur MSC lui-même a toujours été présent ici : à la sortie du port, nous reconnaîtrons l'important building accueillant ses bureaux italiens. Autour de la gare maritime principale, le port a gardé sa configuration de l'époque des liners : comme sur l'Hudson à New-York, le golfe est scindé en plusieurs môles, entourés par des quais assez courts et surmontés d'une gare maritime. À la manière d'un aéroport, un quai accueille un navire pour une escale : les navires manœuvrent facilement puis accostent en quelques minutes et ainsi ne perdent pas de temps pour leur escale. L'attention que l'on porte aujourd'hui à la décarbonation des navires équivaut à celle qu'on portait alors au gain de temps : d'ailleurs, l'Histoire maritime montre à quel point ce changement conduit à des actions en opposition totale.
Le port a cependant évolué depuis l'avènement de l'aérien. À l'Ouest, les paquebots ont laissé place aux car-ferries : Gênes demeure un port très important sur ce point, avec des lignes vers la Corse, la Sardaigne et le Maghreb. À l'Est, le port est devenu un espace ludique et dynamique : les môles accueillent des commerces et lieux culturels, les bassins des navires de plaisance. C'est un véritable monument pour la ville : comme Hambourg, Gênes s'est doté de l'un des plus grands musées maritimes d'Europe. En plus d'une grande collection de maquettes, il permet de découvrir le monde maritime par tous les moyens ! Il est même doté d'un cinéma 3D recommandé par plusieurs de nos voisins de cabine.
Mais il est bientôt temps de quitter Gênes. Le public est nombreux à 17h, alors que nous larguons nos dernières amarres. Près de 700 passagers ont embarqué aujourd'hui tandis que plus de 1000 quittent le navire demain... Joie du départ pour les premiers, émotion de la fin pour les seconds. Port historique oblige, le spectacle de l'appareillage est superbe. Port ferry bondé sur tribord, centre-ville aéré et dynamique sur bâbord... nous naviguons d'abord entre deux mondes. Gênes est aussi une ville importante dans la construction et l'entretien maritime : un peu plus loin nous atteignons les chantiers San Giorgio del Porto. Plusieurs ferries et plusieurs paquebots y sont présents : notez en haut Le Ponant en arrêt technique actuellement. Le MSC Seaside termine cette belle journée en Mer Lingurienne : au loin, alors que le soleil se cache sous les premières montagnes des Alpes, la côte italienne scintille déjà de quelques éclairages. En milieu de soirée, l'euphorie monte alors que le DJ s'installe aux platines derrière la piscine !! Premier jour à bord pour les uns, dernier pour les autres... une soirée magique dans tous les cas.  Le crépuscule laisse apparaître une douce brume le long des côtes italiennes - noter le Costa Smeralda visible à g. Les commentaires sont fermés.
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