La flotte Brittany Ferries s'est officiellement agrandie d'un navire cette semaine. Le Galicia a été livré par les chantiers chinois de Weihai et officiellement inauguré ce jeudi 26 novembre. On l'aura vu dans les différents ports desservis par son armateur notamment pour des essais de poste, puis quelques jours à quai à Cherbourg. Long de 215 mètres, il peut accueillir environ 1000 passagers et ses garages affichent une capacité linéaire de 3 000 mètres. Ce nouveau car-ferry est le premier d'une série de trois navires qui seront reçus d'ici à 2023 par la compagnie bretonne. Il a été dessiné spécifiquement pour les lignes longues de Brittany Ferries, plus précisément pour naviguer entre l'Espagne et l'Angleterre. C'est un car-ferry de croisière, à bord duquel les passagers ne feront pas que passer mais resteront, au contraire, entre 10 et 20 heures. Cette vocation du Galicia pour des traversées longues est présentée par Brittany Ferries comme la ligne directrice pour la conception des aménagements du bord. Le navire adopte un certain nombre d'espaces rares sur les ferries entourant l'hexagone : citons notamment les salons consacrés à l'Espagne, une chance encore rare aujourd'hui de découvrir la destination en cours de voyage. Les hébergements du bord se découpent entre les catégories habituelles (sièges en salon, cabines ou suites) mais leur confort et leur volume ont été également revus. Enfin le prix de la réservation inclue les deux repas à bord (dîner et petit-déjeuner). D'ailleurs l'offre gastronomique s'échelonne de l'habituel salon en self-service jusqu'à la cuisine espagnole traditionnelle. ![]() Le Galicia accueillera ses premiers passagers jeudi prochain (2 décembre) à Santander : il assurera ensuite deux rotations hebdomadaires entre l'Espagne et Portsmouth. On le verra également une fois par semaine à Cherbourg : Christophe Mathieu, Directeur Général de la compagnie, explique cette escale pour des raisons techniques (relève de l'équipage) et en vue de l'autoroute ferroviaire sur laquelle travaille Brittany Ferries au départ du Cotentin. C'est le premier navire neuf à prendre les couleurs de la BAI depuis l'arrivée de l'Armorique en 2008. Pour la compagnie, il ne s'agit pas d'agrandir la flotte : dans une interview accordée au journal Ouest France, Christophe Mathieu rappelle que Brittany Ferries demeure dans une situation très délicate, les échanges transmanche étant pris en étau entre Brexit et crise de la Covid19. Le Galicia et ses futurs sisterships sont un investissement vers l'avenir, alors que l'armateur voit sa flotte vieillir peu à peu : le Bretagne a été lancé en 1989, le Normandie en 1992... la première génération des navires en exploitation approche désormais des trente ans. Les Galicia, Salamanca et Santona permettent une adaptation directe aux nouvelles normes maritimes en vigueur, environnementales en particulier. Christophe Mathieu évoque un objectif de conformité jusqu'à l'horizon 2030 voire 2050. Retrouvez ci-dessous une visite virtuelle du Galicia proposée par son armateur : On les aperçoit en approchant de la côte sud anglaise, de la Floride ou des îles grecques : les paquebots sont pour la plupart toujours à l’arrêt alors que la Covid-19 sévit sur toute la planète… et que le monde du tourisme demeure au plus bas. Plusieurs compagnies sont parvenues à reprendre leurs voyages, à une échelle réduite dans tous les sens cependant : peu de navires accueillent un nombre de passagers très abaissé pour des croisières dans une zone restreinte ; desservant souvent un seul pays. Notons qu'ne étape importante a été franchie pour la reprise : le CdC (Center for Desease Control and prevention), a levé son « no-sail order » le 30 octobre. Ainsi les autorités des États-Unis n’interdisent plus désormais les voyages maritimes à leurs ressortissants, qui demeurent le principal moteur de la croisière à l’échelle mondiale. Les armateurs sont cependant conscients d’à quel point les choses ne sont pas si simples… Réunies via l’Association Mondiale des Compagnies de Croisière (CLIA), la majorité des compagnies a d’elle-même repoussé la reprise des activités à l’horizon 2021. Au total, seulement vingt-six paquebots (source) ont repris ou devraient reprendre leur navigation d’ici la fin d’année, sur les presque quatre-cents en service. Les ports d’escales paraissent bien vides, privés depuis le printemps de leurs visiteurs et de toute la vie qu’ils y amènent. Côté Normandie, du Havre à Cherbourg, l’on a pu récemment voir quelques-uns de nos regrettés visiteurs, dans une ambiance privée de ses flux humains et plutôt fantomatique de fait. En début de semaine, c’est une flotte massive qui s’est postée à l’Est de la Baie de Seine. Celle de Carnival UK (P&O et Cunard), presque au complet, c’est-à-dire dix grands paquebots alignés à la dérive. Face aux tempêtes semblables à celle ayant sévi en Manche en début de semaine, des navires marchands viennent fréquemment trouver un abri au large du Val de Saire ; mais le dernier paquebot s’étant fait remarquer dans cette zone n’est autre que le France en 1974 ! Cette visite fut remarquée par les habitants de la région ; certains s’inquiétèrent même de cet alignement impressionnant et de ses raisons. Les silhouettes du large sont familières à la région heureusement : les navires britanniques de Carnival sont des visiteurs réguliers du port de Cherbourg… ils figurent même parmi ceux qui, pendant l’épopée transatlantique, ont motivé sa construction pour accueillir les géants transocéaniques. Pour les riverains, c’est bien sûr le Queen Mary 2 qui s’est fait reconnaître avec chaleur et enthousiasme… mais aussi avec cette éternelle question – quand reviendront-ils. Le Havre a vu partir son pensionnaire en milieu de semaine : Le Dumont d’Urville de Ponant a rejoint les quais de l’Orne. Il y a retrouvé son jumeau, le Bougainville, ainsi que le Deutschland de Phoenix Reisen (arrivé au printemps). C’est une ambiance inédite pour le port de Caen, qui accueille rarement des paquebots et encore plus rarement plusieurs ensemble ; un paysage apprécié des passants, surtout les deux jumeaux, magnifiques et neufs, amarrés cul à cul. Ces trois navires correspondent à ceux qu’accueillent ce port en général, petits, luxueux, à la recherche d’escales inédites et au cœur du territoire. À l’heure où vous découvrez cet article, un autre navire transite dans la Manche, plus loin mais serrant lui aussi le cœur de la croisière française. L’Astor a appareillé de Tilbury : à la liquidation de son armateur, Cruise & Maritime Voyages, il a été vendu à un agent assurant l’intermédiaire avec… la casse. Son prix, 1,7 millions de dollars, représente une bouchée de pain ; la valeur de la ferraille concrètement. Le navire quitte ce midi la Tamise : il a mis cap vers la Turquie et Aliaga. Ainsi ne deviendra-t-il jamais Jules Verne et l’aventure entamée par CMV France (voir ici) se conclue sur ce voyage. Pas de surprise donc : le monde des voyages maritimes garde un horizon encore flou pour les mois à venir. Les experts du secteur ne se font pas de souci quant au redémarrage : les amateurs de croisières n’ont pas renoncé à partir ; plutôt s’impatientent de retrouver leurs voyages. « Depuis la reprise des activités le 16 août dernier, nous observons une envie de voyager de la part du marché français même si nous ne sommes bien évidemment pas sur le même niveau qu’avant la crise sanitaire. Néanmoins, nous restons confiants pour le futur car nous voyons notamment un certain engouement pour la saison été 2021. » décrit Patrick Pourbaix (MSC) dans une interview accordée à la revue Jeune Marine. « Bien sûr que la croisière a un avenir... et un bel avenir ! Nous mettons nos vies entre parenthèses mais tous autant que nous sommes, nous reviendrons, car cette aventure nous fait prendre conscience de beaucoup de choses et elle évoluera ainsi que nos passagers. » répond Clément Mousset (anciennement CMV) dans une interview accordée à Tourmag. Ainsi les paquebots reviendront… la question étant quand.
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