See the English version En 1998, P&O Stena Line effectue sa dernière traversée entre Dieppe et Newhaven. Ce départ s’inscrit dans une volonté de concentration du service sur la ligne Calais-Douvres. Malgré l’installation d’un service avec un ferry à grande vitesse, les acteurs publics du département de Seine Maritime entreprennent rapidement la création d’une compagnie, pour desservir Newhaven au départ de Dieppe et ainsi "booster" l'économie locale. Cette compagnie prendra le nom de Transmanche Ferries, et affrètera à son inauguration en 2001, le navire de la Corsica Sardinia Ferries, Sardinia Vera (vous pouvez découvrir le reportage réalisé à bord en cliquant ici). Un an plus tard est prise la décision d’acheter un second navire. La compagnie porte son choix sur le Saga Star, et le renomme Dieppe. En 2005 et 2006 sont respectivement mis en service les Côte d’Albâtre et Seven Sisters, remplaçants des Sardinia Vera (rendu à son propriétaire, Corsica Ferries) et Dieppe (vendu à Polferries). Construits par le chantier espagnol Barreras, ils sont spécialement conçus pour la ligne à laquelle ils sont affectés : leurs dimensions ont été prévues de telle manière que les manœuvres soient sûres et rapides, dans des ports assez petits, tout en proposant un maximum d'espace à bord. Depuis 2007, et ce jusqu'en 2014, la gestion de la ligne et de Transmanche Ferries est confiée à Louis Dreyfus, moyennant des subventions s'élevant à environ 18 millions d'euros par an. En novembre dernier, nous avons effectué trois traversées à bord, partant ainsi de Newhaven à 23 heures, et débarquant le lendemain à Dieppe à 15 heures. L'occasion pour nous de découvrir le fonctionnement du Seven Sisters de jour comme de nuit. De la fourmilière londonienne au petit terminal de Newhaven : Deux atmosphère opposées à une heure et quart de train La principale activité économique de Newhaven est portuaire et tient plus particulièrement de Transmanche Ferries desservant Dieppe. De plus, la ville - assez petite - vit dans l'ombre de Brighton, l'une des principales stations balnéaires d'Angleterre, distante d'à peine une vingtaine de minutes en voiture. Nous nous présentons au terminal ferry du port de Newhaven à 20h30, après être arrivés de Londres par train (le trajet coûte moins de 6 euros en s'y prenant assez tôt, et dure moins d'1 heure 30). Par cela, la ligne se différencie des autres services transmanche bien plus complexes à rejoindre depuis Londres par transports en commun. Vers 22h40, nous embarquons à bord du Seven Sisters : un bus attend les passagers à la sortie du terminal, où ils ont reçu leur carte d'embarquement et passé les contrôles douaniers. Nous sommes directement déposés devant la rampe d'accès au ferry. Une fois à bord, nous sommes dirigés vers la réception où les passagers ayant réservé une cabine peuvent retirer leur clé. Nous rejoignons ensuite notre cabine pour dormir : le ferry doit arriver à 4 heures du matin à Dieppe. Vers 3 heures 45, l'équipage réveille les occupants des cabines, afin de préparer celles-ci en vue de la traversée suivante. Le réveil est assez difficile à cette heure très avancée (ou reculée, selon le point de vue), mais de nombreux passagers assistent quand même à l'arrivée à quai. Après un débarquement de nuit à Dieppe, puis un réembarquement à 5 heures 15, nous sommes en approche de Newhaven à 8 heures. La mer est assez agitée, et les passagers sont encore assez peu nombreux à bord. Avant de rejoindre la passerelle pour voir la dernière heure de navigation et la manœuvre d'arrivée, nous prenons notre petit-déjeuner au bar Beachy Head. Nous voyons au loin les "vraies" Seven Sisters, à savoir les falaises de craies à l'approche de Newhaven. Le Seven Sisters arrive en avance dans le port de Newhaven. Les installations sont spécialement prévues pour les deux sisterships, facilitant toute manœuvre. La rampe, les protections du quai, etc... sont adaptés aux dimensions du ferry. Une fois encore, nous débarquons en vue d'à nouveau monter à bord moins d'1h30 plus tard. Nous embarquons une dernière fois à bord. Nous pouvons enfin apercevoir le vrai potentiel de la ligne: nous avons jusqu'à présent traversé à bord sur des traversées courtes et de nuit, n'attirant pas les passagers piétons et en voiture, mais plutôt les routiers. Bien que les piétons soient très nombreux à embarquer, les procédures de contrôles d'identité et des bagages se font rapidement et avec professionnalisme. La traversée s'avère très agréable: le ciel s'est dégagé, les passagers sont nombreux et celà confère une bonne ambiance à bord, ... Nous sommes en novembre, si bien que malgré le soleil, la température ne se prête pas à passer les quelques heures qui nous séparent de Dieppe sur les ponts extérieurs. Nous choisissons donc de rester au bar Beachy Head et d'y prendre un en-cas. Situé en haut de la mezzanine située à l'arrière, ce bar offre une vue imprenable sur les ponts extérieurs, tout en étant au chaud. Il faut reconnaître que peu de choses sont prévues à bord pour occuper les passagers. Une fois un petit tour à la boutique du bord effectuée, les 5 heures de la traversée s'occupent de manière traditionnelle: se restaurer, se promener sur les ponts extérieurs, lire ou regarder un film, etc... Ici aussi, on constate un progrès du point de vue de la nourriture servie à bord. Pendant longtemps, les ferries français ont été perçus comme en-dessous de concurrents directs basés dans d'autres pays : italiens, anglais (notamment avec le fameux fish & chips), etc. Le Seven Sisters propose quelques plats de tradition française assez réussis. Nous avons notamment goûté le bœuf bourguignon, permettant aux passagers anglais de se "dépayser culinairement" et aux passagers français de redécouvrir ce classique. Il est 14 heures 30 lorsque nous apercevons les côtes normandes. La croyance populaire craignant la météo de novembre en Angleterre et en Normandie aura été ici démentie pendant la majorité de la navigation, bien que le ciel se couvre à l'approche de Dieppe. Nous arrivons à Dieppe à 15 heures, comme prévu. Nous devons patienter quelques minutes avant de débarquer. L'avis du rédacteur sur la ligne, et le navireTout d'abord, la volonté des pouvoirs publics locaux de créer une ligne permettant aux ports de Dieppe et Newhaven ainsi que les environs d'être économiquement développés est louable. Cependant les ports cités sont très dépendants de la compagnie. Sans elle, leur trafic serait bien moins important, et vivraient quasi-uniquement de la plaisance. Du point de vue du passionné par les navires que je suis, les premiers ferries choisis par Transmanche Ferries en 2001 et 2002 étaient peut-être plus intéressants que ceux commandés quelques années plus tard en Espagne. Au final les installations sont restées les mêmes (un self-service, un bar, une boutique), avec certes plus de surface. Les intérieurs des Seven Sisters et Côte d'Albâtre sont de plus assez décevants concernant la décoration intérieure pour des navires aussi récents. Cette observation est tout de même à nuancer : ils ont coûté 41,6 millions d'euros l'unité, ce qui est très bon marché. Si certes les navires ne sont pas extraordinaires, le service à bord, l'accueil dans les ports, et la ligne en elle-même sont des atouts non-négligeables, qui compensent largement le "point négatif" cité ci-dessus. Bruno Jonathan
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