L'aventure a commencé pour Portuscale, la toute nouvelle compagnie créée dans le but de faire revivre la flotte Classic International. Le Funchal a terminé sa première croisière en Mer du Nord, et navigue maintenant en direction de Lisbonne. Son itinéraire entre la Suède et le Portugal inclue plusieurs escales dans l'hexagone, en Normandie et dans le Golfe de Gascogne. Jeudi dernier, il faisait relâche à Honfleur, pour son premier toucher en France sous ses nouvelles couleurs. Nous avons pu assister aux échanges entre la compagnie et ses futurs partenaires francophone, et ainsi visiter le navire et rencontrer les principaux protagonistes à la barre de Portuscale. Le Funchal a accosté jeudi matin vers 7 heures, avec plus de cinq heures d'avance sur l'horaire prévu. La faute à un coup de vent la veille au large de l'Angleterre, qui lui interdisait l'accès au port de Tilbury. Sa silhouette historique tranche d'emblée avec celle des paquebots que l'on rencontre habituellement à Honfleur : construit en 1961, le superbe navire est très élancé (152 mètres) et garde une faible capacité (à peine 500 passagers). Lorsque nous embarquons, en milieu de journée, nous sommes accueillis par Rui Alegre, fondateur de la compagnie, et Lucien Laloum, le principal partenaire de l'armement pour le développement commercial en France. La visite à bord commence par un discours de Rui Alegre, qui sera pour nous l'occasion pour nous de découvrir cet homme d'affaires hors du commun. Âgé de 45 ans, chemise déboutonnée en haut, sourire bienveillant, il incarne l'opposé de l'archétype du financier autoritaire. La gestion de la compagnie s'en ressent : qu'elles concernent les itinéraires, les équipages ou les navires eux-mêmes, les idées simples sont appliquées dès qu'on a confiance en leur efficacité. Le directeur et fondateur de la compagnie nous dira lui-même : "je suis là pour faire des affaires intelligentes avec des gens intelligents. Pas pour créer des problèmes." Portuscale est sa première société maritime, et Rui Alegre voue une grande confiance aux commandants qu'il a recruté parmi les anciens de Classic International, et dont l'expérience de la mer (et des quatre navires) est une aide indispensable. Le défi est pourtant de taille pour un néophyte du monde maritime : la disparition de Classic International marquait pour d'aucuns celle de ses paquebots. Si le Princess Daphne, en raison de son état très critique, n'a pas été repris, les quatre navires de Portuscale doivent subir une cure de jouvence colossale, tant sur le plan technique que structurel. Il aura fallu trouver plus de 20 millions d'euros rien que pour le Funchal. L'usure des moteurs et de la coque a de plus été aggravée par l'immobilisation prolongée des navires depuis la saisie au printemps dernier. A la restauration prévue se sont ajoutées les mauvaises surprises, Rui Alegre confiant même avoir trouvé les navires dans un état bien pire qu'annoncé. Cela explique d'ailleurs la quinzaine de jours de retard sur les travaux du Funchal, qui a conduit à l'annulation des deux premières croisières. Sur le plan commercial aussi, il a fallu être d'une efficacité hors pair : le mois de juin est très avancé pour la fondation d'une compagnie de croisière, alors que les concurrents ont déjà annoncé le programme de l'année suivante - voire des deux années à venir. Les itinéraires pour fin 2013 et 2014 ont été décidés en seulement deux mois, grâce à une collaboration très étroite entre les équipes commerciales et les commandants. Mais même les plus sceptiques de l'assistance seront conquis dès leurs premiers pas à bord par l'incroyable travail de rénovation effectué. C'était, de fait, l'une des principales attentes de tous les anciens partenaires de Classic International : le Funchal était réputé âgé, son intérieur défraîchi. Dans le superbe livre qu'il a fait éditer pour célébrer la renaissance du navire, Rui Alegre n'hésite pas à dire qu'il a voulu "restituer au navire sa dignité enlevée". Des moquettes à la peinture des plafonds, en passant bien sûr par la décoration murale, l'atmosphère de tous les locaux passagers a été reprise de zéro par le président en personne. Plus qu'une vanité personnelle, le discours à la première personne de ce dernier montre combien il est affectivement engagé dans son entreprise. Les cabines elles-mêmes ont perdu leur ambiance crème si terne pour un mélange de bleu, blanc et bois sombre. Chaque espace public a été repensé, aussi bien dans sa disposition que dans ses couleurs, et possède désormais une atmosphère particulière. C'est au pont promenade que l'on relève le plus de changements. Le salon Gama, occupant l'avant, est maintenant doté d'une décoration moderne, associant un mobilier vert léger, des murs en bois clair et un sol beige et noir. L'impression d'espace liée à sa grande superficie a été amplifiée par le plafond en miroir. Sur ce même niveau, plusieurs lieux ont été déplacés, pour s'agrandir ou s'adapter à la demande des passagers. Parmi les nouveaux espaces, nous en citerons un consacré aux enfants, mettant à disposition quelques jeux vidéos. Portuscale va s'ouvrir sensiblement plus aux jeunes passagers que ne le faisait CIC : cela vise en particulier la clientèle senior qui emmène en vacances les petits-enfants. Le Porto, principal bar du navire, sera quant à lui un symbole de la compagnie que l'on retrouvera à bord des quatre navires. Rui Alegre a choisi de consacrer chaque unité à un marché national, afin de personnaliser au maximum accueil et locaux. Cependant, comme il aime le rappeler lui-même, "le Portugal est un des rares pays à ne pas avoir d'ennemi. Tout le monde aime le Portugal." Chaque navire sera au final un modèle national... avec une touche portugaise, dont fait partie ce bar. Sur le Lisboa (ex-Princess Danae) par exemple, destiné au marché français, l'accent sera mis sur les vins du Portugal, ce qui permettra aux convives de découvrir des cépages hors de l'hexagone. Portuscale, en tant que seule compagnie de croisière si ancrée au Portugal (avec 70% des équipages recrutés dans le pays), sera ainsi un véritable ambassadeur maritime de son pays.
A l'extérieur, le Funchal est doté de l'espace et du confort qui font la force des navires anciens. La taille et la diversité des lieux ouverts aux passagers compensent sans mal l'absence de balcon privatif des cabines. Les deux ponts supérieurs sont encadrés par une promenade, et le sundeck offre un panorama sur la proue et sur la poupe. Sa superficie a été augmentée vers l'arrière, dans le but de créer un véritable balcon abritant le Lido et surplombant la piscine. Cette modification permet de plus de réduire l'emprise des transats autour de la piscine, et de faciliter l'accès des passagers venant s'accouder à l'arrière pour regarder défiler l'océan. Le Funchal poursuit maintenant sa navigation vers les Açores et la Méditerranée. Il terminera l'année 2013 avec une croisière autour de Madère, qui permettra notamment aux passagers de voir depuis la mer le légendaire feu d'artifice tiré à Funchal, certains le qualifiant de plus beau du monde. Le Lisboa a quant à lui commencé sa rénovation : il débutera ses croisières francophones en février prochain. Les itinéraires seront dévoilés dans les prochaines semaines, mais l'ont sait déjà que Portuscale proposera des croisières inédites en France, telles que les vacances de Printemps en Europe du Nord, et de nombreux voyages à thème accompagnées par des conférenciers renommés. Les passagers de l'hexagone redécouvriront ainsi un navire qui a su séduire un public important, en proposant une véritable alternative, plus familiale et humaine, à la croisière de masse.
Les commentaires sont fermés.
|
Archives
Novembre 2024
RechercheCatégories
Tous
|