Tribune
LA MARINE MARCHANDE
OUTIL CONTESTE DE NOTRE VIE CONTESTABLE
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Le Delphin a été construit par les chantiers Wartsila de Turku (Finlande). Il est livré en 1975 à la compagnie soviétique Black Sea Shipping sous le nom de Bielorussiya, avec quatre sisterships. Longs de 156 mètres, ces navires pouvaient alors accueillir 505 passagers et 256 véhicules. Ils sont baptisés du nom de provinces occidentales de l'URSS : outre le futur Delphin, les noms sont Kazakhstan, Azerbaïdjan, Gruziya et Kareliya. Ils sont destinés à la desserte de la Mer Noire, qui est alors pour l'URSS un bassin maritime dynamique et stratégique. Le Van Gogh, sistership du Delphin Lors de la chute de l'URSS en 1991, l'armement Black Sea Shipping devient une compagnie ukrainienne et poursuit son exploitation. Durant l'automne 1992 cependant, lors d'un arrêt technique à Singapour, le Bielorussiya chavire : il est alors déclaré en perte totale. Malgré cela, six mois plus tard, il est remorqué jusqu'aux chantiers Lloyd Werft de Bremerhaven pour restauration. C'est alors qu'il sera transformé en navire de croisière : le garage est gardé, mais sa partie centrale laisse place à des cabines intérieures et un petit spa. En décembre 1993, devenu Kazakhstan II, il est prêt à reprendre son service : dès la fin du même mois, il est affrété par une société allemande, Delphin Seereisen, pour des croisières entre Gênes et l'Afrique. En 1996, une autre société (maltaise cette fois) nommée Sea Delphin Shipping l'achète et le rebaptise Delphin. A partir de 2004, le tour-opérator Hansa Kreuzfahrten va l'affréter, par contrats d'un an renouvelés jusqu'en 2010. Le Delphin à Saint-Malo Lorsque Hansa fait faillite en 2010, le Delphin est un navire relativement ancien et difficile à reprendre. Des cinq sisterships, seuls deux (lui et le Salamis Filoxenia) effectuent encore des croisières hauturières. Cependant, le Delphin a eu le temps de se forger une réputation solide sur le marché allemand. Son effectif faible et son ambiance familiale en font un navire idéal pour une clientèle assez aisée, amatrice des croisières traditionnelles en petit groupe. Dès 2012, il sera repris par un autre tour-opérateur allemand, Passat : il navigue sous ces nouvelles couleurs depuis octobre, proposant des itinéraires d'une à deux semaines (en plus de voyages occasionnels dépassant les vingt jours). On le voit régulièrement en France, puisque lors de ses transits vers l'Allemagne ou la Scandinavie, il fait régulièrement relâche à Saint-Malo, Honfleur ou La Rochelle. Le reportage qui suit a été réalisé lors d'une escale à Saint-Malo, en mai 2013 Visite à bordNous embarquons au pont 2, à quelques pas de la réception : noter le panneau "Bienvenue à la maison" à côté du guichet. Le Delphin étant trop grand pour entrer dans les bassins malouins, il se fixe sur les coffres de l'Estuaire de la Rance : nous avons été conduits jusqu'à lui en annexe. Le navire a gardé sa structure d'origine : les cabines de luxe sont sur le pont supérieur, mais les autres se situent dans les niveaux bas. Dès notre arrivée à bord, nous notons la présence de nombreux escaliers et ascenseurs : cette caractéristique des car-ferries est un réel atout pour ce paquebot, sur lequel la circulation des personnes est très fluide. Au Grand Salon L'essentiel des emménagements se situe au pont Salondeck. A l'avant, nous découvrons le Grand Salon, principal lieu de réunion du navire. Accueillant diverses activités et conférences dans la journée, il se transforme le soir en salle de spectacle. Outre les sièges en rangées, ce salon comporte des alcôves où sont groupées une dizaine de places autour d'une table, qui permettent de profiter en groupe des animations. La partie centrale du pont Salondeck accueille les éléments habituels des navires de croisière. On y découvre la boutique, la galerie photos, ainsi que deux salons privatisables et plus petits que le précédent. A l'arrière enfin, voici le superbe Restaurant Pazifik. Il peut accueillir les cinq cents passagers du navire en un seul service. Noter sa décoration typique des navires de cette taille, mêlant un mobilier en bois clair avec une moquette bleutée. Au pont supérieur, nous atteignons le Lido : ce restaurant propose une alternative plus décontractée à celui que l'on vient de voir. Il sera surtout plébiscité le midi. Y est servie la même cuisine qu'au restaurant principal : ce restaurant est cependant un self-service, généralement ouvert tout l'après-midi et jusqu'en fin de soirée. Le Lido s'ouvre à l'arrière sur une terrasse, où se situe la piscine principale. Il est d'ailleurs possible de prendre son repas ou boire un verre en extérieur. La poupe du Delphine adopte une forme traditionnelle : les trois ponts supérieurs se terminent en terrasse, créant un ensemble en escalier. Si ce type d'arrière a été presque abandonné aujourd'hui, du fait de la perte de place qu'il entraîne, il donne aux anciens navires des lignes beaucoup plus harmonieuses et offre aux passagers de grandes surfaces extérieures. Noter au passage la grande toile, qui protège les terrasses des intempéries. Le pont le plus haut du navire est celui où se trouve la passerelle. Les espaces passagers qu'il accueille ont été placés là afin d'offrir une superbe vue sur l'environnement extérieur. Outre une large terrasse, on découvre ici la salle de gymnastique, qui donne sur l'arrière. Juxtaposée à celle-ci, un terrain extérieur est aménagé pour les sports de ballons. Le milieu du pont est quant à lui occupé par la discothèque : habilement baptisée Sky Club, elle s'agence autour d'une large verrière, qui lui apporte de jour un puissant éclairage, et de nuit le charme d'un ciel étoilé. En progressant vers l'avant, nous arrivons enfin à la passerelle. Noter la décoration très stricte, quoique reprenant les tons utilisés dans les espaces passagers.
Pour terminer ce reportage, voici un aperçu des cabines proposées à bord : en photo, une cabine extérieure standard. Sa superficie est celle de la plupart des cabines du navire : seules celles de luxe (situées au niveau du Lido) seront plus spacieuses encore. Le navire est doté de deux suites, qui donnent juste en-dessous de la passerelle. Petit bémol : unité ancienne oblige, les cabines du Delphin n'offrent pas de balcon. Les passagers peuvent malgré cela profiter largement de l'extérieur grâce aux nombreux espaces publics que l'on a pu voir.
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La rubrique de MathieuDeux fois pas mois environ, retrouvez ici un reportage signé Mathieu Burnel, ex-auteur de Ships in Cherbourg. |