Tribune
LA MARINE MARCHANDE
OUTIL CONTESTE DE NOTRE VIE CONTESTABLE
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Jeudi 28 novembre. Paris, Gare Saint-Lazare Il est 19.15, je viens d’atteindre la Ville-Lumière. Comme souvent, toujours presque, la nef de Saint-Lazare incarne la première étape d’un périple tant attendu. Assis au cœur de la vie quotidienne parisienne en cette fin de froide journée, je parcours une dernière fois la liste des détails à régler pour le départ. Demain, je m’envole pour Athènes ; samedi c’est l’embarquement au Pirée, et dimanche Istanbul. Constantinople. Le nom fait frissonner l’esprit pour le rêve qu’il incarne. Porte orientale de l’Europe, cité mythique dont ne peut s’affranchir aucun récit de l’Histoire du Vieux Continent. Pour moi, un rêve d’enfant touche à sa réalisation. Mais il n’est pas encore temps de rêvasser. L’organisation en soixante-douze heures d’un voyage de quinze jours ne se fait pas sans aventures : je sais tout juste si mon vol de demain est réservé. Mick, l’ami qui m’accompagnera, est tombé sur le mauvais site de vente - nous en tairons le nom - et les formalités requises, aussi inédites qu’improbables, étaient encore ce midi à deux doigts de me faire rater le départ ! Cette fois cependant, tout semble en ordre. Je m’apprête à rejoindre le métro, pour passer la nuit chez des amis qui m’accueillent encore une fois gracieusement, et presque à l’improviste. Une chance inestimable pour un voyageur de dernière minute. J’ai cependant interrompu la présentation du voyage : reprenons-la, elle en vaut la peine. Si Holland America se distingue de ses concurrents pour son service exceptionnel, la compagnie assoit aussi sa réputation pour les itinéraires qu’elle propose. Nous resterons une nuit à Istanbul, soit un peu plus de vingt-quatre heures au total ; après, nous descendrons la côte turque jusqu’à la très belle baie de Marmaris, située tout au Sud, face à l’île de Rhodes. Nous partirons ensuite plein Ouest, jusqu’à la Crête puis l’île de Malte : ensuite viendra la Sicile et une escale non pas à Palerme, mais à Catane, sur la côte Est. Après le franchissement du tant attendu Détroit de Messine, nous ferons halte à Naples, pour rejoindre Rome le lendemain, c’est-à-dire le 11 décembre. Plus de quatre milliers de kilomètres parcourus en mer, onze jours de croisière, la sixième et plus longue à mon actif. Une visite de la Méditerranée centrale partagée entre lieux mythiques et ports à découvrir, à bord d’un navire cinq étoiles dont la taille moyenne (1500 passagers) garantit une atmosphère humaine voire familiale. Divaguer sur cela un jeudi soir en plein Paris est un gage d’originalité. Nous approchons décembre ; froid et gris se partagent une grande partie de l’hexagone. Demain se passera sous le soleil grec ; les sombres chênes laisseront place aux citronniers couverts de fruits mûrs. Tandis que mon escalator plonge vers les entrailles de Paris, je n’ai qu’à fermer les yeux pour imaginer les jours qui arrivent.
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La rubrique de MathieuDeux fois pas mois environ, retrouvez ici un reportage signé Mathieu Burnel, ex-auteur de Ships in Cherbourg. |