Nous rembarquons à bord du Tanit après quelques heures passées à Tunis et La Goulette. Les passagers embarquant au compte-gouttes depuis 14 heures (15 heures en France, avec le décalage horaire), le self-service n'ouvrira pas pour ce déjeuner. Cependant, nous avons eu la très bonne surprise de voir que des sandwichs frais et tout juste préparés étaient proposés à la vente au Cercina Bar, adjacent aux piscines et jacuzzis. Une demi-heure plus tard, alors que nous nous sommes installés sur le pont 11, nous voyons au loin le Carthage approcher de l'entrée du port de La Goulette. Le ferry qui semblait jusqu'à présent de taille importante le parait à présent beaucoup moins à côté du Tanit ! A 16 heures 30 nous quittons le quai. Les passagers, dont beaucoup à cette date vont en France pour les vacances, regagnent rapidement les installations intérieures, dont une majorité vers leur cabine. Le plaisir de voir défiler la côte tunisienne et le mont Boukornine est certainement ce qui caractérise le mieux un départ de La Goulette en bateau. A 19 heures, dès l'annonce dans l'ensemble du ferry de l'ouverture du self-service, nous en prenons le chemin. Bonne nouvelle: l'un des plats proposés ce soir est du couscous au poisson. Excellent et au même tarif que des repas moins élaborés. Le rapport qualité/prix est donc tout simplement parfait et comme nous l'avons déjà souligné plusieurs fois, très rare. Il s'agit de l'une des deux seules compagnies en une dizaine d'années de traversées qui propose un niveau comme celui-ci (avec Ferrimaroc, lors d'une traversée entre Tanger et Barcelone en août 2010 à bord du Albayzin). Cette dernière soirée à bord se prête tout à fait à un passage au café maure "El Malouf". Le malouf est une musique traditionnelle nord-africaine, d'origine arabo-andalouse. Le lien entre le lieu et le malouf ne s'arrête pas au nom: vous pouvez voir sur la photo ci-dessous un espace circulaire où les musiciens peuvent jouer de leurs instruments. L'ambiance y est intime: la hauteur sous plafond est plus faible qu'ailleurs, de petits espaces ont été prévus pour être séparés des autres par des rideaux. Il s'agit de l'espace du bord le plus inspiré de l'art traditionnel tunisien. On trouve sur les colonnes des carreaux en céramique de Nabeul, ville à une soixantaine de kilomètres au sud de Tunis connue pour cet artisanat. Le bois, bien que factice pour des raisons de sécurité incendie, est ici mis en valeur: des poutres apparentes, des tables basses des sièges et même les encadrements des hublots sont d'une inspiration de la tradition islamique utilisant le bois. Juste à côté (les entrées sont côte à côte) se trouve la mosquée Okba Ibn Nafaa, du nom d'un général arabe qui, au VIIème siècle, fut envoyé en Afrique du Nord par un calife de Damas pour propager l'islam dans la région, et étendre ses territoires. Il fonda la Grande Mosquée de Kairouan, parfois considérée comme la quatrième haute place du monde musulman. Bien évidemment, s'agissant d'un lieu sacré, nous ne sommes pas entrés dans la salle de prière. Cependant, d'après le site internet de la compagnie, nous avons pu constater qu'il s'agissait bien plus que d'une simple salle dépouillée et parfois improvisée sur les navires européens à destination de l'Afrique du Nord: les passagers et l'équipage qui se rendent ici au cours de la journée trouvent à leur disposition un bassin d'ablutions, une boussole désignant la direction de La Mecque, une bibliothèque religieuse, et bien évidemment la salle de prière en elle-même.
La traversée prend des allures de croisière lorsqu'au réveil nous apercevons pas notre sabord les montages corses colorées en orangé par le soleil levant.Devant nous navigue à destination de Gènes un navire de la compagnie italienne Grandi Navi Veloci, que nous finirons par rapidement dépasser en raison de notre vitesse élevée: un tel détour entraîne normalement pour des ferries moins rapides un retard bien plus important que 5 heures. En raison de l'arrivée à Marseille reportée vers 16 heures, au lieu de 11 heures, les passagers reportent leur réveil. Nous sommes alors très peu à nous aventurer sur les ponts extérieurs entre 6 et 7 heures du matin. A 9 heures, nous prenons notre petit-déjeuner au restaurant au menu "La Rose des Sables", situé au pont 9 arrière. Ce restaurant au menu peut vous donner une idée de comment fonctionnait la restauration à l'âge d'or du ferry. Les passagers peuvent en effet acheter au début de la traversée un unique repas, une demi-pension (un repas et le petit-déjeuner) ou la pension complète (deux repas et un petit-déjeuner). Le menu est fixé et alterne en général cuisine d'inspiration tunisienne et cuisine plus internationale. Cette gigantesque salle s'étend sur trois faces ouvertes, rendant l'espace très lumineux. Au centre, une table pouvant accueillir 12 personnes est mise en valeur grâce à une rose des vents au plafond. Alors que nous prenons notre dernier repas à bord du Tanit, les côtes françaises se profilent à l'horizon. Le vent souffle assez fort mais le Tanit ne bouge pas et plusieurs espaces extérieurs sont conçus pour en être à l'abri. A l'approche du port de Marseille, un membre de l'équipage hisse le pavillon français alors que nous croisons le navire de croisière Grand Holiday. En entrant dans le port de Marseille, nous passons devant l'Atlantic Star, qui a malheureusement depuis été démoli à Aliaga (Turquie). Le Tanit évite avant de culer pour accoster. Sur le quai de nombreuses personnes sont présentes: une équipe du chantier DSME pour embarquer à bord, des agents d'escale de la SNCM, ... Après un total de près de 60 heures entre la présentation au port de Marseille du Tanit, et l'aller-retour, nous débarquons à 17 heures avec un certains pincement au cœur. Ce temps passé à bord aura été une très belle expérience: très peu de navires à ce jour atteignent le niveau de qualité des installations et de la nourriture à bord du fleuron tunisien, pour ne citer que les points les plus positifs du bord. Il est également à noter qu'à la vue de cette nouvelle vitrine du savoir-faire du chantier sud-coréen DSME, d'autres commandes, potentiellement même des navires de croisière, pourraient être passées à l'avenir. Retour au sommaire Reportage réalisé en collaboration avec la Compagnie Tunisienne de Navigation. Nous remercions plus précisément Raja K. et Fayçal BS. Les commentaires sont fermés.
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Mai 2024
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