Votre parcours Quelles études avez-vous faites ? Je suis né dans une famille juive à Tunis ou j’ai grandi et obtenu mon bac C en 1978. Je suis né français de parents et grands-parents français. Après mon bac, j’ai préparé les concours d’entrée pour les trois parisiennes (comme on disait a l’époque). J’ai intégré l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP) en 1980, et fais partie de la promotion ESCP 1983 création d’entreprises. J’ai eu entre autres comme professeur Jean Pierre Raffarin (ndlr : ancien premier ministre français, actuellement sénateur). Qu’est-ce qui vous a mené à travailler dans le secteur du transport maritime ? Ma famille a toujours été dans le maritime, puisque mon grand-père a créé l’entreprise VN BERREBI à Sfax en Tunisie en 1921, entreprise que mon père a développée dans les années 1960. J’ai grandi en passant beaucoup de mes week-ends et mes vacances scolaires sur les docks du port de Tunis et de La goulette. En sortant de l’ESCP, je me suis naturellement tourné vers le transport maritime en travaillant au sein de la société Suisse SGS avant de fonder Unishipping en février 1986. Qu’est devenue l’entreprise familiale? Elle a disparu quelques temps avant la révolution du jasmin (ndlr: qui a eu lieu en 2010-2011). Vos activités maritimes, notamment en Amérique du Sud Être français et créer une compagnie de ferries au Mexique, ce n’est pas courant. Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous investir en Amérique du Sud ? Être français et créer une compagnie de ferries n’est effectivement pas courant. Quel entrepreneur privé français a créé une entreprise de ferries à succès, à part Pascal Lota en 1967 (ndlr : fondateur de la Corsica Sardinia Ferries) ou Alexis Gourvennec en 1973 (ndlr : fondateur de la Brittany Ferries)? Mais quand on a le maritime dans les gènes et un esprit entrepreneurial, on saisit les opportunités. J’ai investi au Mexique après avoir ouvert des lignes de vrac depuis Houston vers la Méditerranée et la Côte Occidentale d’Afrique au début des années 90. En 1991 en tant qu’armateur français (Unishipping -JEROME B) nous avons obtenu plusieurs contrats Coface (ndlr : Coface est un organisme privé chargé par l’Etat français d’assurer des contrats, d’import/export notamment) de Alstom pour le Mexique, ce qui m’a fait connaitre ce magnifique pays. A la mise en place de l’accord de libre-échange ALENA (ndlr : Accord de Libre-Echange Nord-Américain, traité entré en vigueur en 1994 pour développer une zone de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique), nous avons ouvert une ligne RoRo entre Mobile (Etats-Unis) et Tuxpan (Mexique) et en 1996 nous avons débuté les services sur la côte ouest mexicaine, d’abord avec un petit RoRo de 40 remorques, pour arriver en 2020 à 4 RoRo et 2800 mètres linéaires de capacité. En 2001, nous avons acheté un navire à grande vitesse chez Condor Ferries (ndlr : le Condor 9, alors devenu Cortez) pour débuter le trafic passager entre le port de La Paz (Mexique) et Topolobampo (Mexique). En 2003 nous avons fait l’acquisition du California Star aux chantiers Visentini. Des projets d’expansion en Amérique Centrale/du Sud sont-ils prévus ? Si oui, lesquels ? Nos projets d’expansion portent sur la ligne Miami/Cuba (ndlr : ligne rendue intéressante pour de nombreux armateurs depuis le réchauffement des relations entre les Etats-Unis et Cuba) et sur deux lignes de ferries au Brésil et au Salvador (golfe de Fonseca). Gérez-vous encore d’autres compagnies que Baja Ferries ? (Unishipping ou America Cruise Ferries notamment) Je continue à participer aux décisions stratégiques d’America Cruise Ferries et d’Unishipping. A ce titre, nous allons augmenter la fréquence entre Porto Rico et Saint Domingue par la mise en place d’un nouveau navire fin 2015 (ndlr : America Cruise Ferries dispose actuellement d’un navire, le Caribbean Fantasy). Vos choix concernant la SNCM Vous êtes connu à Marseille et plus particulièrement à la SNCM depuis un moment, notamment avec l’achat du Monte Cinto par l’intermédiaire d’Unishipping en 2010 pour votre compagnie Baja Ferries (le navire a depuis été cédé à Navimag, Chili). A quand remonte votre intérêt pour la SNCM ? Je n’ai jamais eu d’intérêt particulier pour la SNCM. Je voyais de loin une entreprise qui perdait des parts de marché, qui était souvent en grève et cela me faisait mal au cœur. L’intérêt est arrivé vers avril/mai 2014 quand Monsieur Dufour, président de la SNCM, m’a demandé en tant qu’armateur mon avis sur l’achat de quatre nouveaux navires pour la SNCM, qu’il envisageait à ce moment-là. J’ai ainsi pris connaissance du dossier SNCM, et me suis rendu compte que cette entreprise bien gérée pouvait être viable. Quels sont vos atouts par rapport aux autres offres ? Par rapport aux offres de Messieurs Garin et Rocca notre grande différence est l’expérience du métier d’armateur de ferries. On ne s’improvise pas armateur et encore moins quand il faut transporter des êtres humains. J’arrive avec 25 ans d’expérience dans ce domaine, de plus je connais parfaitement les marches maghrébins. Si vous êtes choisi comme repreneur, vous aviez annoncé la reprise d’une partie des salariés (708) de la SNCM. Sur quels critères se feront les embauches de la nouvelle structure ? Les embauches de la nouvelle société se feront en stricte conformité avec les lois françaises. Vous comptez reprendre la quasi-totalité de la flotte de la SNCM (à court terme, l’ensemble des navires seront gardés à l’exception du Corse), y emploierez des équipages entièrement français sur la Corse, français pour l’Etat-major et les services pont et machine sur le Maghreb et étranger pour le service hôtelier. En raison des restrictions de l’usage du pavillon RIF (Registre International Français) qui empêchent aux navires transportant des passagers d’en bénéficier, et donc d’employer un équipage partiellement non français et non-européen, vous avez annoncé votre volonté d’armer les deux navires desservant l’Afrique du Nord (Danielle Casanova et Méditerranée) sous un pavillon européen, plus clément à cet égard. Des pistes sont-elles privilégiées quant au pays ? Sur le Maghreb, nous comptons opérer sous un des pavillons communautaires. Nous n’avons pas de préférence pour l’instant. Il est dommage que le RIF reste toujours exclu pour le Maghreb alors que tous les autres pavillons communautaires bis (italien par exemple) permettent la desserte du Maghreb. Est-ce que l’embauche corse sera privilégiée pour la compagnie U Batellu ? Il est évident qu’il faudra rééquilibrer les emplois entre la Corse et le continent, nous l’avons confirmé à Monsieur Giacobbi et cela n’est que normal. Notre attachement à la Corse se retrouve par le symbole fort du nom U Batellu ("Le Bateau" en Corse). La logistique des deux compagnies que vous comptez créer, U Batellu (pour le marché corse) et Maghreb Ferries (pour le marché nord-africain) sera-t-elle mise en commun ou les deux structures seront-elles indépendantes l’une de l’autre ? Les structures opératives seront communes aux deux sociétés. Quels seront vos propositions pour appuyer un nouveau partenariat avec l’Algérie Ferries et la Tunisia Ferries, alors que depuis la fin de l’accord la liant à la SNCM la première commence à développer son propre réseau d’agences en France et de gestion d’escale à Marseille ? Algérie Ferries a décidé de s’installer et se développer en propre en France, nous respectons leur choix. Nous allons faire de même en Algérie ou avec un partenaire algérien, nous allons être très actifs. Sur le marché français, nous somme détermines à récupérer les parts de marché qui reviennent à la part française dans la stricte règle de la concurrence. Il est amusant, toutefois, qu’Algérie ferries ait commandé un ferry aux chantiers Espagnols Barreras, chantiers détenus majoritairement par le gouvernement Mexicain. Je souhaite offrir à Algérie Ferries et à la Tunisia Ferries un vrai partenariat et non une relation agents/armateurs. Je pense notamment à la possibilité d’un genre de code sharing assez poussé, voire des associations au sein de structures communes. Vous avez annoncé que, si vous étiez choisi comme repreneur de la SNCM, vous commanderiez un navire pour remplacer le Danielle Casanova sur la Corse. Barreras, chantier que vous envisagez ? Oui, c’est très possible. Nous avions consulté le chantier de St Nazaire l’année dernière pour les besoins du projet de constructions de nouveaux navires de Monsieur Dufour. Mais en raison de leur carnet de commandes très chargé, nous pourrions choisir Barreras. Des transformations des espaces à bord des navires sont-elles envisagées ou bien la flotte restera globalement inchangée ? Notre plan prévoit en effet la modernisation et des aménagements à bord des navires, nous sommes également en négociation avec des groupes de restauration et de distribution pour créer des boutiques sur les navires. Merci à Monsieur Berrebi pour avoir répondu à nos questions. 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