Tribune
LA MARINE MARCHANDE
OUTIL CONTESTE DE NOTRE VIE CONTESTABLE
© ShipMap.org
Dimanche 8 décembre. En mer, Méditerranée centrale, MS Rotterdam Une journée prodige. Le soleil a percé les nuages d’hier dès le petit matin, pour inonder La Valette de couleurs chaudes. La capitale de Malte est située à l’est de l’île ; c’est une presqu’île ovale coincée entre deux bras de mer. De son passé de place forte subsistent d’impressionnantes fortifications entourant la ville : La Valette est aménagée sur un plateau qui surplombe le port d’une vingtaine de mètres. Nous avons accosté au sud de la ville, le long d’un ancien arsenal reconverti en centre commercial et culturel - ma foi très agréable. Ce matin, j’ai profité d’un café en terrasse pour faire un tour rapide sur internet. Petit conseil au passage : ne pas perdre de vue que Malte garde une très grande influence culturelle anglaise… Si vous y passez, songez à vous munir d’un adaptateur pour les prises électriques. Et ne soyez pas surpris : les Maltais roulent à gauche. Je passerai ensuite la matinée dans Floriana, la ville qui ferme la presqu’île au sud. Une fois franchi l’obstacle que constituent les remparts, à pied, ne bus ou même en ascenseur, s’offre à nous un réseau de rues étroites cernées par de hauts et anciens immeubles, dont la silhouette ondule au fil des trous du plateau qui sert de base à la ville. Le soleil hivernal du ciel pur donne à la pierre des tons ocre saisissants. Après un déjeuner rapide au Lido, je retrouve Mick pour visiter La Valette. Le centre-ville ressemble à celui de Floriana : il est cependant beaucoup plus animé et plus agréable, en grande partie réservé aux piétons. En ce dimanche quinze jours avant Noël, les Maltais sont nombreux dans les rues ; les nombreux musiciens, peintres et autres artistes donnent un air de Montmartre à l’ensemble. Comme une grande ville qui n’en serait pas une. Chaque rue semble réserver une surprise, ici une grande descente, ici un étroit escalier, là une impasse devenue spot privilégié de street-art. Nous terminons notre promenade en suivant les remparts, jusqu’à effectuer le tour complet de la ville. Le bassin situé au nord de La Valette, à l’opposé du port de commerce, est très apprécié des riches maltais : il est entouré de résidences de luxe et jalonné de marinas. Seul le fort qui occupe l’île en son centre témoigne d’un passé beaucoup moins doux et agréable. Juste au-delà, nous retrouvons les jardins qui occupent les remparts sud : nous quitterons ceux-ci via les grands escaliers, avant de les longer jusqu’au port. Nous sommes de retour à bord aux alentours de 16.15. Les préparatifs du départ se font pendant que nous dégustons une excellente farandole de pâtisseries. Peu après 17 heures, nous avons rejoint l’avant du pont 6 pour l’appareillage. Nous avons changé d’heure : cela se ressent, car nous quitterons La Valette de nuit. La sortie du port est très intéressante à voir : pour franchir les digues, notre navire doit brusquement venir à droite, avant de reprendre vers le nord sa route à destination de la Sicile. Il est près de 18.30 lorsque nous retrouvons notre cabine : temps est pour nous de nous changer pour profiter de la dernière soirée formelle de ce voyage. Au restaurant, nous faisons la connaissance de plusieurs compagnons de voyage ; des personnes déjà croisées à bord mais avec qui nous n’avons jamais eu l’occasion de bavarder. Pour moi, ce dîner sera aussi une expérience culinaire inédite, puisque je goûterai pour la première fois le caviar. Sans être prêt à dépenser des centaines d’euros pour quelques grammes, j’admets sans mal que le célèbre mets possède un goût unique et séduisant qui vaut la peine d’être découvert. ![]() D’ailleurs, les découvertes ne manquent pas ce soir. Le Chef innova aujourd’hui, en proposant des escargots à la bourguignonne en entrée. La réputation des français va bon train, et tous les regards convergeront très vite vers moi pendant la lecture du menu. Je parviendrai à convaincre quelques amis voyageurs de tenter l’aventure : aventure très soft ceci dit, compte tenu de la présentation coquette du plat. A défaut de très enthousiastes, les escargots satisfont leurs amateurs : ceux-ci sont prêts à renouveler ultérieurement leur expérience - pendant que Mick me défie de tenir une semaine sous le joug de la cuisine anglaise, défi que je ne relèverai pas. Et c’est ainsi que nous sommes maintenant installés au MIX, à profiter du très beau concert donné par Neil au piano. J’écris ces quelques lignes pendant une interprétation superbe de Jeff Buckley, qui donne à la soirée une magie en parfaite adéquation avec la journée passée. D’ici une vingtaine de minutes, nous rejoindrons le théâtre : ce soir, Kennedy, jeune voyant, nous montrera comment influer notre inconscient à partir de quelques images. Les secrets du monde de la publicité, dans un spectacle amusant et dont l’ambiance est maximisée par la mise en scène à l’américaine. Un excellent moment en perspective, précédant un spectacle de grande envergure : l’équipage philippin du navire nous a en effet préparé un show aux couleurs de leur pays, contenant plusieurs chansons et danses traditionnelles. Un instant qui sera riche et fort en émotions ; l’occasion aussi pour la compagnie et nous-mêmes de rendre hommage à la communauté majoritaire du bord.
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La rubrique de MathieuDeux fois pas mois environ, retrouvez ici un reportage signé Mathieu Burnel, ex-auteur de Ships in Cherbourg. |